8.1.07

Binamé Mossieu KABILA

Cher Monsieur Kabila

J'espère que votre excellence ne se formalisera pas de ce qu'un descendant des colonialistes qui ont fait tant de mal à votre grand pays s'adresse directement à vous, en court circuitant tous les politiciens (1) qui servent habituellement d'intermédiaire dans vos relations avec mon pays.

La présente supplique est basée sur le fait que vous êtes en train - semble t il et dit on - de redresser l'économie du Congo ex Belge (2).

Cette excellente nouvelle ne peut que nous réjouir, après les décennies où vos dirigeants se sont fait construire des palais avec le budget de leur marine, où votre Etat a commencé par ne plus payer ses fournisseurs, puis ses fonctionnaires, ce qui a amené ces derniers à accepter des pot de vins à chaque occasion, par exemple lors des achats de sagaies chez A-Gu-Sta, à favoriser outrancièrement les chemins de fer desservant leur région d'origine aux dépens des voies de communication dans les autres régions, à veiller à ce que leur fils ou les membres de leur famille soient nommés aux charges, ou "élus" aux postes politiques les plus profitables, à augmenter sensiblement leur fortune personnelle dans les scandaleuses affaires du Smére - Païpe et des Logements Sociaux, à intervenir personnellement dans les processus judiciaires, à critiquer les journalistes qui osent faire leur métier au lieu de se rappeller qu'ils sont payés ou subsidiés par les finances du pays - pour en arriver à revendre les actifs de l'Etat afin d'en alléger les fins de mois, et pour détourner leur opinion, à organiser des conquêtes territoriales au dépens des ethnies vivant en paix à leurs marches depuis des décennies, pour finir par des sécessions de toutes sortes, autour des richesses réparties à des endroits particuliers de votre grand pays.

Et voilà : on certifie que vous êtes arrivés à redresser la barre, croyez bien que j'en suis fort heureux. Voire un rien jaloux.
C'est ce qui m'a donné l'idée de vous prier -respectueusement- de venir exercer vos talents dans mon pays: la situation me paraît étrangement ressembler à celle du Zaïre en 1970, tous les indices prémonitoires sont écrits sur nos murs (3).
Je vous invite à réfléchir à l'exemple que vous ont donné les révérents Nicéphore Ngulu et Anicet Du Bigo qui après avoir généreusement pardonné au peuple colonisateur, ont accepté de consacrer le reste de leur vie au chevet de nos âmes, en devenant respectivement curé de mon village natal et vicaire dans ma ville.
Et je vous supplie de venir exercer vos talents ici. Nous en avons grand besoin. Et nous sommes certains que vous pourriez être notre sauveur.

(s) Innocent Citron


PS N'ayez aucune crainte quant au moyen de vous faire élire : nous trouverons le moyen de détourner les ordinateurs de dépouillement de vote à votre profit plutôt que de les laisser au service de ceux qui ont commencé à les installer.

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(1) que j'ai hélas contribué à élire

(2)
sans que vous l'ayez encore ramené dans l'état d'excellente santé où elle était, fin juin 1960, quand nos politiciens anticolonialistes ont accordé l'indépendance à leur Colonie (4).

(3)
entre les graffiti que l'on connaît.

(4) en triple vitesse et, au contraire du Viet Nam, de l'Algérie, de l'Indonésie etc etc, sans la moindre effusion de sang comme les politiciens et les journaux s'accordaient à nous le faire croire en fin Juin 1960.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'ignorais que Jules Du Bigo avait fait un séjour au Congo au point de laisser un descendant noir qui serait revenu dans le pays de son ancêtre pour y devenir vicaire...
Il faudrait songer à publier l'arbre généalogique de ce brave Jules Du Bigo afin que nous puissions y voir plus clair et comprendre (enfin!) les liens qu'il entretient avec Maria Kèkè et Gédéon Poteau... Car tout ceci m'apparaît bien flou (surtout en découvrant une branche congolaise) et il est temps que les secrets de famille soient dévoilés...