Encore une trouvaille qui sert à autre chose que ce qu'en espéraient leurs inventeurs ... Vous savez sans doute que ce fût le cas souvent depuis que les chaussées romaines, prévues pour faciliter l'accès des Légions aux plus profonds recoins de l'Empire servirent surtout à nos ancêtres pour ... conduire leurs chicons au marché.
Pour moi, il en fût de même pour un ensemble de règles d'orthographes dont l'apprentissage (en trois soirées !) m'a permis de comprendre un langage jusque là absolument mystérieux parce que complètement hermétique.
Je m'explique : Originaire du Brabant - dont j'ai pratiqué le Wallon très jeune grâce à la fréquentation assidue des garnements les plus mal élevés de mon village - j'ai eu la chance (et la malchance ?) de travailler pendant près de dix ans dans une grosse usine de la région Liégeoise.
Une de mes premières décisions, après quelques jours de travail, fut de m'offrir un exemplaire d'un petit livre dont le titre paraphrasait Assimil : "Li walon di Lidje sins må di tiesse"
J'espérais naïvement que la lecture de cet ouvrage et l'assimilation de son contenu allaient me permettre de comprendre ce que les membres du personnel de mon nouvel employeur pouvaient se dire à voix basse derrière mon dos d'abord, puis très vite sans prendre la moindre précaution pour ne pas être entendus, dès qu'ils eurent appris mon origine non-principautaire
Mais mon espérance de maîtriser le parler Liégeois fut rapidement déçue: que je le lise à voix haute ou bien à voix basse, il me semblait impossible d'intégrer ces étranges successions de sons. Bref le bouquin en question disparut vite sous les piles de documents qui s'accumulèrent sur mon bureau. Il y est sans doute encore.
Bien longtemps après, rentré dans mon village natal, j'y constatai que le Wallon local semblait oublié même des hommes qu'étaient devenus les galopins qui m'avaient permis de l'apprendre. Il n'était plus parlé que par ceux qui étaient restés assez intelligents - bien que devenus adultes ! - pour ne pas craindre s'ils utilisaient le Wallon en rue ou pour faire leurs courses, d'être pris pour des primaires, originaires du quartier le plus mal famé du village.
Cependant les dirigeants de notre centre culturel avaient compris que notre culture n'était pas celle de Bruxelles, qu'il se devaient de veiller à ce que notre vieux langage ne disparaisse pas trop vite, et qu'il leur fallait organiser un cours de Wallon parlé et écrit. Je m'y inscrivis dès que j'en entendis parler.
Une des premières choses que l'on m'y expliqua, c'est qu'un grand nombre de mots sont communs aux parlers de Wallonie, de Malmédy à Ecaussines et de Rixensart à Léglise. Et qu'ils ne se distinguent que par ... la prononciation. Bien sûr, on dit lapén ici et robète ailleurs, on dit crompire là bas et canada ici. Mais ces cas sont des exceptions, un peu comme on ne dit fada qu'à Marseille, et huitante qu'à Lausanne
Aussi paradoxal que cela puisse paraître à beaucoup d'entre nous, le Liégeois est aussi proche de leur wallon que ne l'est du Français la langue des bars mal famés de Montreal - croyez moi, j'en fus un client assidu . Mais j'avais à y demander à mes interlocuteurs, pour que je les comprenne, soit de parler Anglais, soit d'écrire en Français ce qu'ils voulaient me dire!
Pour en revenir au Liègeois, et par ailleurs à tous les autres parlers Wallons, grâce aux travaux d'une douzaine de véritables linguistes, polyglotes, professeurs de langue, interprètes ... rencontrés en chair et en os ou par pages web interposées, j'eus vite appris comment orthographier ma prononciation particulière de brabançon, puis comment lire ce même orthographe à la Liégeoise, et à la façon de Charleroi, ... à celle de Bastogne. C'est depuis lors QUE JE COMPRENDS ENFIN LE LIEGEOIS !
Autrement dit, j'ai facilement détourné cette notation que l'on appelle maintenant "orthographe wallonne unifiée" de son but original - rendre les mêmes textes lisibles par tous les Wallons - pour atteindre un autre objectif: moyennant quelques soirées de travail, permettre aux wallons, quel que soit leur origine, de dialoguer en conservant le parler et l'accent de leurs ancêtres.
J'espère que d'autres génies auront une idée analogue avant que je retourne dans les bars de Montréal, car après tout, c'est le français qu'on y parle, même si, à l'oreille, l'accent chantant des quartiers populaires de Montréal fait penser à une variante (hermétique) du Liégeois !
PS je ne signerai pas de mon nom, car la vérité officielle est qu'il y a DES parlers endogènes, et qu'il y a, à Bruxelles, trop de fonctionnaires, de journalistes, ... payés pour entretenir ce mythe, et trop de politiciens qui ont trop à gagner de nos divisions.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
4 commentaires:
Si tu comprends le "parler" liégeois c'est parce que c'est du français mal prononcé. Ce n'est pas vraiment du Wallon.
Exemple : je dis "in caw di ramon", et il faut que je leur explique ce que c'est pour qu'ils me disent qu'en liégeois c'est "in manche des breusse"
Merci monsieur Citron pour ce texte agréable à lire, qui nous change des diatribes quasi racistes (disons régionalistes) qui émaillent par trop souvent votre site. Restez intéressant, drôle, utile, parfois futile, et mettez en valeur ce qui est le meilleur dans l'homme, la communion de la langue à travers l'OWU, et les secrets insolites des sous-vêtements calédoniens, au lieu d'instaurer une radio mille-collines qui divise, oppose et excite l'égoïste sectaire qui someille en nous (que j'espère comateux, quasi mort chez la plupart).
Merci pour ces remarques, ces encouragements, et cette critique : pourtant je n'avais pas l'impression de jouer les radios mille collines, simplement celle de réagir aux exagérations (par exemple) de la BRT (radio belge néerlandophone) que j'écoute tous les jours et où j'apprends un matin que les juges wallons ne se servent pas du centre d'Everberg comme ils le devraient - comme le font les juges flamands, le lendemain que les gynécologues flamands (seulement, pas les belges, pas les wallons) recommandent le vaccin xyz etc, le surlendemain que tel politicien d'un parti unitariste a changé d'affiliation pour rejoindre un parti qui est pour 'een zelfstandige Vlaandren' etc.
Idem pour la presse. Par exemple la version flamande de METRO qui n'a que des ambitions que commerciales, et rien de politique n'a pas les mêmes titres à la une que sa traduction pour les francophones - et les sujets choisis de part et d'autre ne sont pas propres à calmer les esprits séparatistes.
Etc etc.
J'étais donc persuadé que Radio Mille Collines est néerlandophone. Et que si peu de wallons ont abandonné leur sentiment unitaristes, j'étais l'un des premiers à vouloir jeter mes convictions jadis très belgicaines pour devenir partisan d'une Wallonie indépendante des électeurs de MM Dewael, Leterme etc.
Je pense - ai je tort ? - que ma mission à moi est d'attirer l'attention des naïfs wallons sur tout ce qu'ils ne voient pas, qu'il s'agisse des abus aux dépens des palestiniens de la part des Israéliens, -que j'ai beaucoup soutenu jadis, et mes parents/grands parents pendant la période nazie, des errements de l'administration des USA - que j'ai jadis fort révéré - ou de l'inévitabilité d'un divorce d'avec la Flandre, et de l'intérêt qu'il y a à le vouloir à l'amiable plutôt qu'à laisser trainer les choses jusqu'au moment où se déchaîneront les hutus chauffés à blanc par leurs leaders et la presse qui est à leur solde.
Tu me fais croire que je pourrais me tromper, que la Flandre veut - à son tour - rester solidaire de la Wallonie, ou bien que je devrais faire comme si je le croyais.
OK. Je vais y réfléchir. Promis. Mais à la moindre incartade de leur part, je recommence. Que penses tu de tout çà ?
D'acoird avou vos, et nén pår.
Li prumî walon ki dj'a oyou, c'est l'cia d'Nameur. Li prumî ki dj'a léjhou, c'est l'cia di Lidje. Po ça dji m'a aprins a vey «difahî, creûh, kimagnî», mins d'els lére: «disfaši, crwè, comougnî». Sicrijhaedje Feller lidjeu, cåzaedje nameurwès.
Cwand dj'a viké å Condroz, la, les djins cåznut pa des côps come a Nameur, pa des côps come a Lidje, mins i s' copudnut, la k' i sont apris apris avou les pronoçaedjes da tertos.
Ç' n'est nén vos k'a pixhî Mouze. Gn a yeu des ôtes k'ont croeyou k' i fåreut k' tot l' monde sicrijhexhe come a Lidje, et cåzer tchaeke come i vout. Ça n'a nén stî.
Mi, dji scri e rfondou, dji coprin des djins di pattavå, mins po ça i fåt cnoxhe ene miete di latén ou italyin, po s' rinde conte douvint ki les djins dijhnut come ça ou ôtrumint.
Nosse malåjhe, c'est ki gn a co des djins ki dijhnut k'i cåznut walon, mins ç'n'est nén veur. I cåznut francès avou des mots walons. Et cwand la, gn a vos ki cåze on bon walon, i n' copudnut rén, la k'i conoxhnut pont d' walon. Vos vs la, l'aroke!
Mi, dji sereu po on rfondaedje pus splinké, et cwand k'on djåze, et cwand k'on scrit. Dji vos mostere tot rade cwè.
Cwand k'on djåze, i fåreut nozôtes rahopter ene miete nosse môde di djåzer (et dji croe, ki cwand dj'årè des efants, c'est come ça ki m' fåt ki dj'elzî aprinde a cåzer): shofler les h, pronocî les xh et jh come å Condroz (do gozî et avou les dints serés), rouler les r po nén les cofonde avou ene ôte sacwè; et - foirt important! - eployî pår li croejhete di Nameur et les mots di Lidje. Po dire li veur, mi, dji croe k'å trevins des vîs tayons, li walon esteut pus asplanî, et la, les Nameurwès ont pierdou bråmint des mots, et les Lidjeus ont pierdou li vraiye croejhete. Et i fåreut remete ça so pîs.
Asteure, po çou ki gn a do scrijhaedje, dji croe ki l' walon, fåreut pousser si ortografe co pus lon, et rplaecî: les tch avou des č, les dj avou des ğ et đ, et leyî tchaire co bråmint des rishonnances avou l'francès. Mins bon, motoit ki l' djermêye ki vént sårè mia fé.
Ki ça vos våye bén,
Djôr S.
Bén voilà - encore plus enragé que moi !
I.C
Enregistrer un commentaire